lundi 6 septembre 2010

Après près de deux semaines en Inde, voici le récit entourant la recherche de mon appartement.

Ainsi, débute l’histoire qui m’aura permis de trouver un appartement en 7 jours, puis en 11 jours d’être complètement installé avec Internet. Donc, comme mentionné lors de mon dernier post, j’avais une moyenne de deux à trois visites par jour au bâton. Les techniques sont forts simples et j’ai eu la chance d’en explorer deux : la technique « se balader » et la technique « brookers ».

Alors, voici mon expérience sur la technique « se balader » :

  • vous vous rendez dans un quartier, généralement en rickshaw, où vous vous faites débarquer à l’entrée (la plupart du temps indiqué par une grille ouverte le jour, destinée à être fermée la nuit pour assurer la sécurité des citoyens qui y habitent, ou encore un petit marché « style dépanneur »);

  • vous faites un tour rapide afin de voir si vous pouvez effectivement y habiter, généralement, cet aperçu prend de 15 à 30 minutes.
Note : Après l’ensemble des visites de quartier effectuées, je suis porté à penser qu’il y a deux types de quartiers : « classe moyenne aisée et riche » puis les « colony ». Bien sûr, après vienne les bidonvilles et compagnie, mais vous comprendrez facilement que je ne me suis pas déplacé volontairement dans ces endroits afin d’y trouver un endroit où habiter. Le « Blanc » moyen peut aisément habiter dans un quartier « classe moyenne aisée et riche », mais il lui est probablement plus difficile de trouver quelque chose dans une « colony ». D’une part, le quartier « classe moyenne aisée et riche » est construit selon un modèle d’architecture libérale, plus similaire au développement occidental des villes. D’autre part, la « colony » est construite sur le modèle socialiste et semble beaucoup plus réalisée par et pour les Indiens. Une colony est un regroupement d’immeubles construit sur plusieurs pâtés de maisons, hypothétiquement subventionné par l’État (construction et habitation) et probablement fidèle à l’héritage nehruvien, similaire au ghetto français (ici meilleure image occidentale s’y rapprochant). La « colony » semble destinée aux fonctionnaires de l’État et à la classe moyenne.

  • Lorsque le tour rapide est complété, que vous vous êtes effectivement projeté dans la possibilité d’habiter ce quartier, vous essayez de trouver ce petit marché « style dépanneur », où plusieurs boutiques peuvent vous dépanner en cas de besoins.

  • Une fois ce petit marché trouvé, vous y effectuez un tour rapide en espérant trouver un cabinet de vente/achat, location, etc. Généralement, deux, trois ou quatre hommes se trouvent dans ce cabinet. Ce sont des « brookers » locaux, leur travail se résume essentiellement dans la vente, l’achat et la location de logement. Généralement, vous êtes capable d’échanger en anglais, mais il se peut que ce soit très rudimentaire.

  • Comme vous ne parlez pas hindi et qu’eux baragouinent un anglais approximatif, vous tentez d’expliquer la situation : vous êtes à la recherche d’un appartement! Après vous avoir donné une carte d'affaires et avoir fixé un rendez-vous pour une visite, vous pouvez partir en vous félicitant de la besogne accomplie.
Voici, maintenant, mon expérience avec la technique « brookers » :


  • Les « brookers » pour « Blancs » peuvent vous être présentés de deux façons : par un autre « blanc » ou par « Yuninet ».
Note : Les autres « blancs » vous les rencontrés facilement soit par blogue, connaissance ou encore dans la rue en arrivant. « Yuninet », c’est un site sur Yahoo où tous les expatrié-e-s vont publier leurs annonces de tout genre (ça va de la recherche de la « maid », la « bonne », à la vente d’objets ou, encore, à la recherche d’appartement.


  • Une fois en contact avec un « brookers », différentes techniques peuvent alors s’appliquer. Dans tous les cas, vous échangez avec lui sur ce que vous recherchez, toujours en mentionnant un prix plus bas que ce que vous êtes capable de payer puisqu’ici presque tout se négocie.

  • Une fois que tout est bien compris par les deux parties prenantes (du moins, c’est ce que vous croyez), vous commencez à visiter ce que le « brooker » peut trouver comme appartement. En règle générale, c’est toujours très loin de ce que vous recherchez, mais c’est la technique pour faire de bonnes négociations.
Note : Le brooker, comme ses confrères et consœurs brookers, a un accès à un site Internet spécialement conçu pour les brookers indiens et les propriétaires. Contrairement à Yuninet, où seule une adresse Yahoo est nécessaire afin de faire partie du groupe, le « blanc » n’a pas accès à ce site.


  • Si vous trouvez un appartement avec le « brooker », vous débutez alors les négociations avec les parties prenantes (le brooker, le propriétaire et, bien sûr, vous). Règle générale, vous devrez payer une commission au brooker et le brooker recevra également une commission du propriétaire (puisqu’il vous a mis en contact avec ce dernier). Il touche donc une « commission des deux côtés ».
Maintenant que vous êtes confortables avec les deux techniques et que vous pourriez aisément les reproduire en venant trouver un appartement à Delhi, cher public. Voici comment le tout s’est articulé d’après ma perception.

Le premier brooker que nous avons rencontré était celui du propriétaire de nos hôtes français. Mi-chauve, dans la fin quarantaine, Chandha était un type bien, mais il n’a jamais réellement compris ce que nous cherchions. Nous avons alors discuté avec lui de ce que nous recherchions. Pas toujours évident. D’une part, j’étais en pleine acclimatation de Delhi, donc un peu encore perdue et sur les nerfs. D’autre part, c’était ma première expérience de ce type. Je ne savais pas trop comment agir. Après avoir discuté avec lui, il nous amena voir un appartement qui ne convenait pas vraiment à nos besoins. C’était le samedi 21 août, il nous ramena donc à un endroit où nous pourrions prendre le rickshaw pour retourner au Ringo Guest House. Je me souviendrai toujours de cet anecdote : Lors de notre discussion, il nous demandé quels étaient nos noms respectif (Nastassia et moi). Alors nous les lui disons. En lui disant le mien, je lui explique que c’est un nom d’origine chrétienne. Le mec devient alors tout enjoué. Dans l’appartement qu’il nous faisait visiter, il nous explique qu’il m’aime bien et qu’il veut absolument m’aider puisqu’il croit en un seul Dieu. Une fois la visite terminée, nous embarquons de nouveau dans sa voiture et il lance un macaron « I love Jesus » dans son coffre à gant. C’était un geste délibéré afin que Nastassia et moi voyions clairement ce qui est écrit sur le macaron. Voilà, je crois que pour lui, il y avait quelque chose qui nous unissait. Après deux jours en Inde, je pense bien que j’étais tombé sur un indien chrétien (Effectivement, Jésus ne figure pas dans l’hindouisme.)

Nos péripéties ce sont alors poursuivit.

Le lendemain, dimanche, je me suis créer une adresse yahoo et je me suis inscrit sur le groupe Yuninet. Le second brooker dont j’ai envie de vous parler est Siddarth. Ce brooker a vu notre annonce sur Yuninet concernant le fait que nous étions à la recherche d’un appartement. Le lundi 23 août, il entre en contact avec Nastassia, dont j’avais écrit le numéro de cellulaire dans l’annonce Yuninet (je n’avais pas encore ma carte Sim indienne à ce moment). Nastassia lui explique ce que nous cherchons. Elle semble bien emballer par sa discussion avec le brooker qui lui a donné différentes indications assez pertinentes pour la suite de nos recherches.

Donc, Siddarth vient nous chercher vers 18 h à l’appartement des Français. Nous entrons dans sa voiture. Déjà, je ne me sens pas très à l’aise et je crois que je le transpire ouvertement. Il a un chauffeur à cause d’une blessure à la main. Nous partons donc voir un appartement qui se trouve très loin de l’université et du rayon de 5 km que nous nous sommes fixé afin de faire la recherche de notre futur appartement. Après quelques minutes, voilà que notre brooker se roule un gros shilom de hasch. Tout pour mettre à l’aise quoi! Ce qui s’est passé dans ma tête à ce moment est inexplicable, mais l’angoisse et la peur de l’inconnu m’ont pris aux tripes : « Où est-ce qu’il nous emmenait ce mec! ». Il allume sont gros joint dans la voiture, et comme il est d’usage de la faire, il nous en offre. Malheureusement pour lui, il comprend assez vite que je ne consomme pas et doit s’être rendu compte du malaise que j’avais puisque je ne portais pas à rire. Par chance, Nastassia était d’un naturel flamboyant et ne semblait pas du tout stressé ce qui avait pour effet d’équilibrer la discussion et rassurer un peu tout le monde. Vitres fermées et climatiseur dans le tapis, je vous laisse deviner la suite cher lecteur et chère lectrice.

Et oui, mon premier « hot box » en Inde. Encore une fois, par chance, Nastassia a bien pigé mon malaise et demande à ce que l’on ouvre les fenêtres. Ouf… Un peu d’air! Une fois arrivé à destination, un sentiment de calme m’a envahi. Il nous avait bien emmenés visiter un appartement. Pas d’entourloupe, pas de mauvaises aventures! Nous avons donc visité trois appartements avec lui.

En terminant, il nous a offert un thé glacé du Mac Donald. En fait, il nous a offerts du Mac Donald, mais nous avons refusé (ma quatrième journée ne requérait pas encore le confort que le Mac Donald peut parfois vous apporter en voyage… et oui, un Big Mac demeure un Big Mac peut importe le pays où vous vous trouver!)

Au final, Siddarth était très sympathique et il a beaucoup travaillé avec les expatrié-e-s (nom pour désigner les « Blancs » travaillant sur Delhi), d’ou son expression : « Ah! Generaly, french canadian smoke weed! ». Je n’avais pas vraiment raison d’être sous les nerfs, mais bon… parfois, en quatre jours dans un nouvel environnement, il se passe plus de choses qu’en un mois dans son confort ce qui peut provoquer la prudence. Il nous a donc ramenés chez nous. Après lui avoir parlé une fois de plus au téléphone, nous ne l’avons plus revu.

Apprentissage de cette rencontre : et oui, peu importe où vous vous trouvez, il est interdit de fumer du cannabis et ses dérivés, mais vous trouverez toujours des gens qui en consomment et qui veulent vous en faire prendre! Constat : très heureux de ne pas consommer ce genre de produit et un peu déçu que ce genre d'étiquette colle à la peau des "Blancs".

En terminant ce post, chère lectrice et cher lecteur, je tiens à souligner que c’est la technique « se balader » qui nous aura permis de se trouver un appartement. Je suis finalement tombé sur un indien pour qui nous aider à trouver un endroit où rester entrait dans ce qu’il est possible de nommer dharma (ordre universel, moral et/ou vertu) – communément appelé la chance du voyageur chez nous, un peu aidé par ce charisme et cette simplicité qui m’habitent. Avis aux intéressé-e-s, les prochaines publications sont dans approximativement une semaine. À très bientôt!