Chère lectrice et cher lecteur,
il est maintenant temps de passer aux confidences. Voici les quelques étapes
qui m’ont menée à mon premier choc culturel en pays hôte! J’avais généralement
vécu les chocs culturels au retour de mes diverses expériences à l’étranger,
mais voici que l’Incredible India m’a permis de poser un regard différent sur
l’Inde.
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Prémisse d’une histoire salle
Mon ami Jérôme arrivait du Laos
le 17 novembre dernier.
Au programme : 12 jours de
détentes après les efforts de recherche terrain et de réalisation de mon
contrat de recherche aux Archives nationales de l’Inde.
Direction : Varanasi, lieu
saint de l’Hindouisme, avec ces ghâts de crémation, et Bodhgaya, littéralement
« Ville de Bouddha », lieu saint du Bouddhisme, endroit Siddhârta
reçut l’éveil.
Certitude : Pur plaisir.
Appréhension : Aucune.
Questionnement : Le guide du
routard « Inde du Nord » 2010 présente Varansi (Bénarès) ainsi :
« […] Pour beaucoup de vauageur, Varanasi est une révélation, une ville
inspirée, où l’on peut découvrir la mentalité indienne et surtout la puissance
de la religion sur le mode de vie et de pensée C’est un endroit qui heurte de plein
fouet nos certitudes trop ancrées d’Occidentaux, et, d’ailleurs, certains n’en
repartent pas indemnes. On y perçoit l’essence même de l’Inde […] Le voyage
dans cette cité ne laisse jamais le voyageur intact, on quitte toujours Bénarès
en ayant perdu ou gagné une parcelle de son âme. »
Commentaire : Ouais, c’est
beau j’ai compris!
Au commencement…
Nous avons passé deux jours à
Delhi afin de faire la visite par excellence suggérée par nombre de guides touristiques.
Définitivement, un pur plaisir. Jérôme arrivait du Laos, bien motivé. De mon
côté, la joie d’un petit trip entre amis de longue date me plaisait bien.
Première journée à
Varanasi : il ne nous a pas fallu attendre bien longtemps… pour la
révélation.
Nous sommes arrivées à Varanasi
le dimanche 21 novembre dernier. Y’a pas à dire, c’est ce qu’on appelle au bon
endroit au bon moment! C’était Diwali pour les Dieux. Ce soir où les Dieux indiens
viennent sur la vallée du Gange afin de célébrer leur union. Encore une fois,
un Diwali en lumière, mais cette fois-ci avec plus de chandelles… beaucoup plus
de chandelles! C’était magnifique.
Nous nous sommes laissé aller au
jeu. Le rickshaw nous a directement conduits à une Guest House, juste au-dessus
de la ghât principal des crémations. Génial comme ambiance, comme odeur et un
roof top trop sympathique. Dès notre arrivée, les tenants de du guest house
nous propose le tour en bateau qui pour ce soir est plus cher, mais au combien
symbolique! 200 Roupies et c’est parti! Une balade guidée dans le labyrinthe de
la vieille ville en après-midi et voilà, l’ambiance sacrée nous avalait peu à
peu. Une expérience sans précédent. Une ville formidable.
Le tour de bateau fut des plus splendides.
Nous y avons rencontré deux voyageuses Espagnoles qui œuvraient pour une œuvre
caritative « Mother Teresa » à Calcutta. Nous chopons les meilleures
places dans le bateau (juste au bout de la coque afin d’avoir assez de place
pour faire des photos géniales et bouger pour la sélection intuitive des
clichés), devant ces Français à l’air un peu dubitatif et niais qui n’avait pas
vraiment compris le geste symbolique de nos choix de place (avec leurs
commentaires désobligeants sur leurs expériences varanasienne). Bien joué quoi!
Séance de photo assez intense et
un spectacle visuel à vous en couper le souffle.
Nous voilà de retour sur les
ghâts que l’envie de suivre la foule nous prend. Nous invitons donc les deux Espagnoles
à se joindre à nous afin de marché dans cette masse humaine informe qui s’est
rassemblé sur les ghâts pour l’évènement. Assez emballées par l’idée d’être
accompagnées par deux hommes afin de goûter un peu plus de ce moment unique (l’Inde
n’est pas toujours facile pour les femmes occidentales, de surcroît
lorsqu’elles ont les cheveux blonds, vous comprendrez dans quelques lignes!),
elles acceptent l’offre avec plaisir. À la sortie du bateau, de jeunes Indiens
prennent des photos des filles… as usual! Rien de trop étonnant, c’est l’Inde
quoi.
Nous marchons donc le long des
ghâts, poursuivant frénétiquement notre prise de clichés en fonction des
différents spectacles qui nous sont offerts. L’ambiance est mi-festive,
mi-sacrée, mi-familiale. L’espoir de voir émerger la photo des photos, celles
qui coupent le souffle, nous démange de plus en plus. Nous nous enfonçons dans
la foule, discutant un peu de nos profils et échangeant sur la magnificence du
spectacle.
Après un bon gros 25 minutes, je
me retourne vers Jérôme et je lui souligne que nous avons bel et bien l’air suivi
par de jeunes Indiens. La masse humaine devient de plus en plus dense. Les
mouvements s’effectuent de plus en plus au corps à corps. Les bousculades plus
fréquentes. Les filles commencent à se faire pincer les fesses… as usual! Rien de trop étonnant, c’est l’Inde quoi!
Jérôme et moi décidons de serrer
les appareils avant que malheur n’arrivent aux plus de 300 clichés effectués
depuis le tour de bateau. Nous poursuivons notre avancée dans la masse humaine,
suivant le chant sacré et le spectacle des milliers de mains qui s’élèvent au
ciel au rythme des tablas et des mots prononcés. La scène est magnifique. Un
goût de la culture indienne et de Varanasi exposant dix. À n’en couper le
souffle.
Les filles se font alors de plus
en plus toucher. Au départ, c’était les fesses, maintenant, ce sont les fesses
et les seins. Jérôme et moi avions déjà repéré ces jeunes, nous nous mettons
donc un à l’avant et un à l’arrière afin de limiter les possibilités
d’attouchement. Nous avançons toujours dans cette masse, comme pousser par tous
ces Indiens qui désirent avoir une place afin de voir le spectacle eux aussi.
La tentative de faire demi-tour s’évanouit à chaque pas. Le sens du flux ne semble
pouvoir être défié. C’est la conclusion à laquelle nous arrivons
collectivement. Du moins, il faudrait une force surhumaine pour rebrousser
chemin!
Nous effectuons encore une
quinzaine de mètres. Les attouchements se multiplient, les bousculades
augmentent, Jérôme et moi revêtons notre blason de garde du corps repoussant du
mieux que nous pouvons ces adolescents en perte de contrôle. Puis comme nous
atteignons une sorte de paroxysme dans cette frénésie bestiale, comme nous arrivons
devant une rampe nous indiquant que nous sommes au bout de cette ghât, voyant
les milliers d’Indiens sur la ghât plus bas les bras levée, nous décidons de
rebrousser chemin pour tenter de joindre les escaliers à quelque cinq mètres de
distance. Impossible, non, c’est impossible, un flot d’indien s’amasse. Chaque
pas est un nouveau défi, les attouchements sur les filles se multiplient
toujours. Puis…
La foule se disperse. Des
policiers font aller leur bambou d’un air frénétique. Ils nous ont aperçus
tentant de se frayer un chemin dans la foule opaque. Un répit nous est offert.
Nous gagnons les marches en vitesse. Le second palier de marche est inaccessible.
Trop de gens tentent de descendre ou de monter à la fois. Les attouchements ont
cessé, nous respirons un peu. Gagnant l’autre extrémité, la rampe nous bloque
une fois de plus. Les marches qui ce sont transformées en estrades pour
l’occasion sont occupées par des Indiens admirant le spectacle. Certains
d’entre eux nous indiquent alors que la scène en cours ce termine dans 15
minutes et qu’il vaut mieux pour nous de rester à cet endroit afin de
contempler la fin. Comme des chats mouillés, nos mouvements malhabiles nous
rendent perceptibles à des kilomètres dans cet environnement (j’ai expérimenté
cette réalité à plus d’une reprise durant mon séjour), et c’est sans doute ce
qui s’est produit en réfléchissant au conseil donné sur le moment.
Les quinze minutes ont bien
passé. L’affluence dans les marches s’est amoindrie. Nous avions bien aperçu
ces jeunes nous matant de loin, mais nous avons décidé qu’il était temps de
mettre une fin à ce bain de foule, qu’il était de quitter les lieux pour tenter
de gagner la guest house à quelque deux kilomètres de là.
Nous avons gravi les marches.
Comme par hasard, la foule s’est faite plus nombreuse, la montée plus ardue.
Les attouchements sur les filles ont repris. Ajoutées à nos efforts de
protection, elles se défendaient admirablement, empoignant les mains et les
tordant en espérant avoir donné une leçon suffisamment claire pour éviter
toutes autres tentatives, mais c’était un geste vain, tous nos gestes étaient
vain dans cette frénésie bestiale, manifestation du désir envers la femme
occidentale facile. Au lieu de cela, le rythme augmentait. Les endroits
d’attouchements corporels aussi, ce n’était plus que les seins et les fesses,
mais aussi les parties génitales. Un pur plaisir quoi. Presque du viole
publique, rien de trop étonnant, c’est l’Inde quoi!
Alors qu’ils ne nous restaient
qu’un palier de marches à gravir avant d’atteindre une route nous permettant de
sortir de cette masse humaine, l’inévitable est arrivé. L’orgie d’attouchements
a atteint son comble. Désormais, il n’y avait plus que les filles qui se
faisaient toucher, Jérôme et moi aussi. Comme si la frénésie était devenue pur
plaisir psychotique. Les jeunes Indiens ont poussé et poussé, plus fort. Les
autres Indiens, qui n’avaient rien à voir dans cette histoire, ont poussé de
plus belle. La mascarade de l’égo indien s’est mise à l’œuvre (Toutes personnes
ayant voyagé en Inde à probablement déjà constatée l’égo indien que ce soit
dans les entrées et sorties des arrêts du métro de Delhi ou avec la conduite
routière. De plus, je l’ai déjà dit, ici personne ne te donne une place, il
n’en tient qu’à toi de la faire.) Alors que la foule était bien compacte, que
tous voulaient sortir pour atteindre la route, une bousculade sauvage a éclaté.
Les attouchements ne faisaient toujours qu’augmenter, malgré le fait que Jérôme
et mois éclations de force sur place pour repousser les jeunes Indiens et que
les filles tordaient les mains et criaient de plus en plus fort… le désordre
était manifeste.
Puis, le temps a ralenti. Ma
respiration est devenue saccadée. La rage montait. La perte de contrôle
devenait évidente. Ce n’était plus une bousculade, mais un véritable chaos. Au
moins deux ou trois Indiens sont tombés dans les marches et ce sont fait
piétiner dans le mouvement désordonné de cette foule déchaînée.
Et nous avons atteint la dernière
marche. La route était devant nous, les marches derrières. Chacun des côtés de
la route servait soit pour un aller soit pour un retour de cet immense bain de
foule sacrée, amassé pour l’évènement. Nous avons gagné un petit temple de
l’autre côté. Un endroit près d’un policier, avec son bambou. Si Jérôme et moi
tremblions de l’expérience, scrutant la
foule à la recherche de ces visages fraîchement mémorisés, probablement apte à
se battre, les filles étaient dans un pur état de choc. Les larmes coulaient
sur leurs joues, leurs corps tremblaient de froid, d’attouchements et
d’agressions publiques.
L’un des Indiens qui s’est fait
piétiné est bien venu parler à la police et s’excuser auprès de nous en nous
suppliant de ne pas retenir cette image de l’Inde, que ce n’était qu’aléatoire,
que cela ne reflète en rien le « vrai » visage de l’Inde…
Petit rappel de l’expérience possible
à Varanasi :
« […] Pour beaucoup de voyageurs,
Varanasi est une révélation, une ville inspirée, où l’on peut découvrir la
mentalité indienne et surtout la puissance de la religion sur le mode de vie et
de pensée C’est un endroit qui heurte de plein fouet nos certitudes trop
ancrées d’Occidentaux, et, d’ailleurs, certains n’en repartent pas indemnes. On
y perçoit l’essence même de l’Inde […] Le voyage dans cette cité ne laisse
jamais le voyageur intact, on quitte toujours Bénarès en ayant perdu ou gagné
une parcelle de son âme. »
- Guide du routard L'
Inde du nord 2010 -
Commentaire :
Oui, maintenant, j’ai une
certitude! Une certitude dont je voulais vous faire part depuis longtemps, mais
je n’avais pas encore trouvé les mots, ou l’anecdote appropriée pour vous le
dire. Maintenant, c’est le moment tant attendu :
Avec l’image de la femme blanche
qu’elle contient, la pornographie occidentale a un sérieux effet sur les
Indiens.
L’introduction de cette dernière
en Inde, jumelée à la culture indienne, produit parfois des comportements
d’incivismes déviants chez ces derniers envers les femmes blanches. Leur vision
de la femme occidentale en est une bien particulière. Merci Occident!
Mais, garder à l’esprit, qu’ici,
c’est vous le touriste, l’étudiant, l’étranger, l’intrus, le friqué, le
blanc, rien de trop étonnant, c’est
l’Inde quoi!
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Je sais, je sais… que je vous ai
annoncé que je parlerais des quelques étapes menant au choc culturel… mais la
première est parfois la plus importante, et de loin la plus significative, et
son souvenir vous coupent parfois l’inspiration! Ne vous inquiétez pas la suite
est plus joyeuse et je vous écris sous peu!
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